Des bénévoles en gilet orange aident les pompiers à vider la rivière l’Aisne de ses poissons morts. Depuis dimanche 9 août, ce cours d’eau du département des Ardennes est victime d’une pollution à l’origine encore inconnue : d’innombrables poissons, entre trois et cinq tonnes, ont été tués sur plusieurs kilomètres. Un désastre pour la biodiversité locale.
Une enquête menée par l’Office français de la biodiversité et la gendarmerie est chargée d’éclaircir les causes de cette pollution. Mercredi 12 août, le président de la Fédération de pêche des Ardennes, Michel Adam, a annoncé avoir porté plainte pour pollution contre une usine Nestlé présente sur la commune de Challerange, au sud du département. La station d’épuration de l’entreprise intéresse les enquêteurs.
L’usine Nestlé à l’arrêt
Contacté, le directeur de l’usine Nestlé de Challerange, Tony Do Rio, a répondu par l’envoi d’un communiqué. Ce texte confirme « un déversement ponctuel et involontaire d’effluents de boue biologique (sans présence de produits chimiques) issus de la station d’épuration [en question] dans l’Aisne (…) dimanche 9 août en fin de journée ».
Il précise : « Dès connaissance du signalement dimanche à 23 heures, nous avons immédiatement stoppé la production et mis un terme au déversement. » L’activité de l’usine a été arrêtée pour quelques jours. « Toute l’équipe de l’usine de Challerange tient à s’excuser auprès des riverains pour la gêne occasionnée », ajoute Tony do Rio.
« Je travaille dans le secteur de la pêche depuis 40 ans et c’est la première fois que je vois une pollution d’une telle ampleur. C’est une catastrophe écologique », lâche Michel Adam. Averti lundi 10 août, le président de la Fédération de pêche des Ardennes s’était rendu sur place pour observer « une nappe marron d’un kilomètre de long et de trente mètres de large ». « Tout le cheptel de poisson a été anéanti sur sept kilomètres, dont 14 espèces parmi lesquelles l’anguille, qui est une espèce protégée », déplore-t-il.
Des cadavres de silures, anguilles et brochets
La préfecture des Ardennes, via un communiqué publié sur Twitter le 11 août, évoque « la très forte mortalité piscicole en raison de la diminution de la teneur en oxygène dans l’eau ». Pour des questions d’hygiène, les poissons morts sont transportés à l’équarrissage et détruits. Par ailleurs, la préfecture signale qu’un barrage a été placé à moins de 10 kilomètres au nord de Challerange, point d’origine présumé de la pollution, pour en contenir la propagation. De plus, les habitants desservis par le point d’eau d’Olizy-Primat, le plus proche de la catastrophe, sont priés de faire bouillir l’eau avant usage. Enfin, le préfet des Ardennes a pris un arrêté interdisant l’accès aux berges de la rivière, sauf pour les besoins de l’activité agricole locale, jusqu’au 14 août.
« Il faut tout recommencer à zéro, on va mettre dix ou quinze ans pour retrouver autant d’espèces de poissons », regrette Daniel Drivière, président de la société de pêche locale, qui a également déposé plainte contre X, le 10 août, pour pollution. Depuis, des cadavres de silures, anguilles et brochets défilent sous ses yeux. « C’est sûr, on ne va plus vendre de cartes de pêche. Cette année, j’en ai vendu 101, toutes catégories d’âge confondues. Mais certains pêcheurs m’ont déjà contacté pour se faire rembourser. » L’opération de nettoyage des berges doit durer encore quelques heures.
August 13, 2020 at 04:34PM
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Une usine Nestlé accusée d’avoir tué des milliers de poissons - Journal La Croix
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